Analyse

Aides-soignants et proches-aidants : enjeux et perspectives pour un modèle de soin durable

Publié le : 26/11/2024

Ce mardi 26 novembre marque la Journée internationale des aides-soignants. Au Club Landoy, la question de l’aidance figure parmi nos axes prioritaires, car elle touche non seulement les professionnels, mais aussi des millions de proches aidants confrontés à la montée de la dépendance, dont 61% en activité, selon une récente étude de l’OCIRP. Alors que la France comptera 3 millions de personnes en perte d’autonomie d’ici 2030, cette journée est l’occasion de revenir sur quelques définitions et de procéder à un état des lieux sur la situation en France.

Proche aidant et aidant pro, différences et complémentarité

En France, les proches aidants représentent 8 à 11 millions de la population. Aussi appelés aidants familiaux, ils soutiennent un proche en perte d’autonomie en raison de leur âge, d’un handicap ou d’une maladie invalidante. Ils ne sont pas des soignants au sens strict, mais jouent un rôle clé dans la continuité des soins.  Leur soutien peut prendre différentes formes : soutien moral, aide à la vie quotidienne, aide financière

Les aides-soignants appartiennent à la catégorie des aidants professionnels. Ils interviennent dans un cadre réglementé et structuré. Selon le ministère de la Santé, la France en compte près de 400 000, dont une majorité travaille dans des établissements de santé. D’autres exercent en EHPAD (155 000 professionnels recensés) ou dans des services de soins infirmiers à domicile.

Secteur du soin : quels enjeux pour les aidants professionnels ?

Le secteur des soins est actuellement confronté à de nombreux défis, exacerbés par le vieillissement de la population. La demande croît, tandis que le nombre de professionnels disponibles diminue, notamment en raison des départs en retraite et d’une pyramide des âges déséquilibrée dans la profession. Recruter est parfois compliqué. Interrogées en 2023 par Uniformation (l’opérateur de compétences de la cohésion sociale), 1 500 structures de l’aide à domicile indiquaient qu’elles avaient l’intention de recruter… tout en reconnaissant rencontrer des difficultés à trouver des candidats les conditions de travail difficiles et le taux élevé de turn-over rendent ces métiers moins attractifs pour les nouvelles recrues.

Bien qu’une légère augmentation de la densité d’aides-soignants ait été observée entre 2013 et 2022, cette progression demeure insuffisante face à l’évolution des besoins (cf lien de l’étude). En parallèle, la France comptera 21 millions de personnes de 60 ans et plus, dont 3 millions en perte d’autonomie d’ici 2030. À pratiques inchangées et sur la même temporalité, l’institut de la DREES prévoit 108 000 personnes âgées supplémentaires en Ehpad à cette date.

Le manque de ressources dans le secteur du soin pèse également sur les proches aidants. Par nécessité, beaucoup assument des tâches pour lesquelles ils ne sont ni formés ni préparés, ce qui peut nuire à leur santé et déséquilibrer leur vie quotidienne. Pourtant, beaucoup ne se reconnaissent pas dans ce rôle, assimilant leur engagement à un prolongement naturel des liens familiaux. Cette confusion rend d’autant plus difficile l’identification et le soutien des proches aidants.

Construire un modèle durable

L’amélioration des conditions de travail (astreintes, etc.) constitue un enjeu fort de fidélisation des professionnels au sein du secteur de l’aide à domicile. Mais surtout, et au même titre que les autres pierres angulaires de notre modèle social, le secteur de la santé risque de payer le prix fort de la transition démographique s’il ne prend pas les dispositions nécessaires pour s’en prémunir. Adapter le secteur du soin à la longévité est tant pour les besoins de la société en général que pour le quotidien des aidants en particulier, pour une meilleure complémentarité.

Quelles avancées concrètes ?

Face à ces défis, des initiatives émergent. Du côté des professionnels, l’Etat a mis en place un plan visant à renforcer l’attractivité des métiers du soin. Les carrières et rémunérations des personnels ont été revalorisées depuis 2020. Au total, 13 500 places supplémentaires ont été prévues entre 2020 et 2025 pour les diplômes d’aide-soignant, d’infirmier et d’accompagnant éducatif et social. La plateforme prendresoin.fr, créée récemment, vise à attirer de nouveaux candidats en informant sur les différentes professions. 

Pour les proches aidants, la Stratégie de mobilisation et de soutien aux aidants, lancée en 2019, a introduit plusieurs dispositifs, notamment l’indemnisation du congé proche aidant et l’accès à des périodes de répit. Cependant, ces mesures demeurent insuffisantes face à la complexité de leur réalité quotidienne. Un défi majeur persiste : près d’un aidant sur deux ne se reconnaît pas comme tel. Sans cette prise de conscience, il leur est difficile – voire impossible – de recourir aux aides disponibles. Une stratégie véritablement efficace doit donc inclure des actions favorisant cette auto-identification, condition préalable à l’accès aux dispositifs existants.

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