Analyse

Davos 2025 : démographie et travail, repenser l’avenir

Publié le : 29/01/2025

Le Forum économique mondial de Davos 2025 a mis en avant une réalité incontournable : le monde du travail est en pleine mutation sous l’effet de la transition démographique et des bouleversements technologiques. D’ici 2050, un quart de la population mondiale aura plus de 60 ans, tandis que les actifs devront composer avec des carrières plus longues et des compétences en perpétuelle évolution.

Dans les économies développées, l’équation est claire : la population vieillit, la main-d’œuvre se raréfie et les systèmes de protection sociale sont sous pression. En parallèle, l’intelligence artificielle redéfinit profondément la nature de nombreux métiers, faisant émerger de nouveaux défis et opportunités.

Un monde du travail vieillissant : entre tensions et opportunités

Le vieillissement de la population est un tournant historique pour l’organisation du travail. 

Selon l’Organisation mondiale de la santé, une société est qualifiée de « super-âgée » lorsque plus de 20 % de sa population a plus de 65 ans. Cette réalité concerne de plus en plus de pays développés et entraîne des défis majeurs, notamment sur les retraites, la pénurie de main-d’œuvre et les coûts croissants liés aux soins.

En parallèle, certaines régions du monde bénéficient encore d’un « dividende démographique », où le nombre d’actifs dépasse largement celui des retraités. Cette situation représente une opportunité pour investir dans le capital humain, favoriser le développement et rééquilibrer la croissance économique à l’échelle mondiale.

D’ici une génération, il y aura 50 % de travailleurs supplémentaires dans les pays à faible revenu par rapport aux économies développées (ONU). Ce rééquilibrage démographique peut générer de nouvelles opportunités économiques à condition d’accompagner l’intégration des jeunes travailleurs sur le marché global

Dans les pays vieillissants, l’adaptation est inévitable :

  • Allongement des carrières : la France a repoussé l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans en 2023, tandis que l’Allemagne prévoit 67 ans d’ici 2031.
  • Formation continue et reconversion : pour rester compétitifs, les travailleurs doivent adapter leurs compétences à un marché en mutation.
  • Emploi des seniors : en France, seuls 56 % des 55-64 ans occupent un emploi, contre 73 % en Allemagne et 78 % en Suède (OCDE). Faciliter leur maintien en activité est un enjeu clé.

L’intelligence artificielle redéfinit les compétences

Le rapport Future of Jobs 2025 du Forum économique mondial l’affirme : 39 % des emplois verront leurs tâches principales transformées par les nouvelles technologies d’ici 2030. L’essor de l’intelligence artificielle, en particulier, bouleverse l’organisation du travail dans de nombreux secteurs.

  • L’automatisation de certaines fonctions : dans les services financiers, l’IA remplace déjà des analystes pour l’évaluation des risques. Dans l’industrie, des robots prennent en charge des tâches répétitives, obligeant les travailleurs à monter en compétences.
  • L’émergence de nouveaux métiers : selon une étude de McKinsey, 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. La maîtrise des outils d’IA générative, de la cybersécurité ou encore de la gestion des données devient cruciale.
  • Un besoin massif de formation : face à ces bouleversements, les entreprises et les États doivent investir massivement dans l’apprentissage tout au long de la vie. Aux États-Unis, Amazon a annoncé un programme de 1,2 milliard de dollars pour former 300 000 employés aux métiers du numérique en 2025.

Migration et mobilité des talents : vers un changement de paradigme

D’ici 2050, certaines des plus grandes économies mondiales pourraient voir 40 % de leur population dépasser l’âge de 65 ans. Dans ce contexte, les pays qui aujourd’hui freinent l’immigration pourraient se retrouver en concurrence pour attirer les talents.

Les discussions ont mis en avant plusieurs pistes pour repenser la mobilité des talents :

  • Simplifier les politiques migratoires : des modèles comme le Global Talent Stream canadien montrent qu’une approche plus flexible peut répondre efficacement aux pénuries de compétences.
  • Encourager la migration circulaire : favoriser des allers-retours entre pays d’origine et d’accueil pour éviter une fuite massive des cerveaux.
  • Garantir des droits et des conditions de travail équitables pour éviter l’exploitation des travailleurs migrants.

En résumé, Davos 2025 marque un tournant : la transition démographique et la transformation du travail ne sont plus des tendances lointaines, mais des réalités qui redéfinissent dès aujourd’hui nos économies. 

Investir dans la formation continue, valoriser l’emploi des seniors et garantir l’inclusion des femmes dans les secteurs d’avenir ne sont plus des options, mais des impératifs économiques. Ceux qui sauront anticiper ces mutations en feront un levier de compétitivité et de croissance. À l’inverse, l’inaction risque d’accentuer les fractures sociales et économiques. L’avenir du travail se joue maintenant. L’enjeu n’est pas seulement d’accompagner le changement, mais de le façonner.

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