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Matinée-débat : Aidance au travail – relever les défis de la longévité

Date : 11/02/2025

Lieu : Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles

La question des aidants s’impose progressivement dans le débat public et au sein des entreprises, et pour cause :

Aujourd’hui, près de 11 millions de Français accompagnent un proche en perte d’autonomie ;
En 2030, 1 salarié sur 4 sera aidant.

Si nous n’y sommes pas déjà confrontés, nous le serons bientôt : nous sommes toutes et tous concernés.

Mais comment concilier engagement professionnel et responsabilités d’aidant ? Quelle place donner à l’aidance dans le monde du travail ?

C’est pour répondre à ces questions que le Club Landoy réunissait le 11 février 2025 au Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, entreprises, acteurs économiques, associations, entrepreneurs, experts et responsables politiques afin d’explorer les défis de la longévité au prisme de l’aidance.

Cette Matinée-débat riche en échanges a été marquée par le lancement officiel de la première Coalition des Entreprises Engagées pour les Aidants, une étape clé pour répondre aux enjeux actuels et accélérer le passage à l’action en mettant en place des solutions concrètes pour soutenir les collaborateurs aidants.

En ouverture de cet événement, Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l’Emploi, a rappelé la nécessité d’intégrer la question des aidants à la réflexion sur l’avenir du travail. « Dans un rôle bien différent de celui de l’État, il est essentiel que les entreprises s’engagent, elles ont tout à y gagner. Elles doivent accepter que cette vulnérabilité entre aussi dans leur quotidien ».

Un point partagé par Sibylle Le Maire, fondatrice du Club Landoy, qui a annoncé le lancement de la Coalition, affirmant ainsi l’engagement des entreprises à structurer des réponses adaptées : « Ensemble, nous avons le pouvoir d’inscrire l’aidance au cœur des priorités des entreprises et d’en faire un levier d’innovation sociale. J’aime croire que c’est cette ambition qui nous rassemble ce matin. Soutenir les salariés aidants, c’est réduire les coûts cachés de l’aidance. C’est aussi créer un monde du travail plus juste et plus humain qui bénéficiera à toutes et tous. »

Les aidants, un enjeu stratégique pour l’entreprise

La première table ronde a permis à plusieurs responsables d’entreprises de détailler leurs approches pour intégrer la question de l’aidance dans les processus RH. 

Karim Elouattassi, directeur de la Qualité de vie et des conditions de travail du Groupe La Poste, a rappelé que la transition démographique fait désormais partie des priorités stratégiques de l’entreprise. Le groupe, pionnier en la matière, a mis en place un certificat d’aidant familial en 2017, permettant à près de 5000 salariés de se déclarer comme aidants. Pour Aadil Bezza, people and culture director de Sanofi France, un autre enjeu réside dans la culture d’accompagnement au sein des entreprises, la sensibilisation des managers étant une étape essentielle pour apporter un soutien réel aux salariés aidants. Il a également mis en avant la nécessité de développer des processus RH adaptés (dons de jours, télétravail) pour alléger la charge des aidants. Comme l’a souligné Aadil Bezza, se pencher sur la question de l’aidance revient à se saisir d’une problématique de bien-être au travail, intrinsèquement liée à la performance des organisation, d’où l’importance pour les entreprises d’identifier des solutions structurelles pour accompagner ces salariés.

Les organisations gagneraient également à réfléchir aux possibilités de valorisation des compétences acquises par les aidants au cours de cette période de leur vie professionnelle : une meilleure organisation et une meilleure gestion du stress peuvent devenir des accélérateurs de productivité, si l’entreprise propose de bonnes conditions. 

Vers une coopération durable entre entreprises et associations

Morgane Hiron, déléguée générale du Collectif Je t’Aide, a mis l’accent sur la nécessité d’une coopération plus forte entre entreprises et associations. Selon elle, une synergie est à trouver entre, d’une part, l’expertise en gestion des ressources humaines des entreprises et, d’autre part, le savoir-faire des associations dans l’accompagnement des aidants.

Il ne s’agit pas uniquement de solutions ponctuelles, mais bien d’une coopération sur le long terme. La formation des managers et la mise en place de guides pratiques pour aider les salariés à identifier leur statut d’aidant font partie des axes majeurs que les associations souhaitent voir se renforcer au sein des entreprises : « Accompagner les collaborateurs aidants, cela ne s’invente pas. Il faut des outils, des formations et une sensibilisation adaptée. » rappelle la déléguée générale du Collectif Je t’Aide.

Reconnaître les aidants de façon administrative peut aussi constituer une solution.  Aadil Bezza a par exemple avancé l’idée de créer une reconnaissance de la qualité de travailleur aidant (sur le même principe que la reconnaissance de la qualité de travailleur aidant), tout en reconnaissant que la démarche peut être compliquée : les processus administratifs peuvent être fastidieux.

Des solutions concrètes pour mieux accompagner les aidants

Au cours de la deuxième table ronde, animée par la journaliste Marie Dancer (La Croix), plusieurs solutions pratiques ont été proposées par des entreprises de taille internationale. Marc Benayoun, directeur exécutif du Groupe EDF, a pu souligner que l’accompagnement des salariés aidants passe par un maintien dans l’emploi adapté, mais aussi par une prise en compte de la singularité de chaque situation : « chaque cas est unique, et c’est cette singularité qu’il faut apprendre à accompagner ».

La question de la flexibilité du travail est beaucoup revenue, ainsi que la réinsertion des salariés aidants post-situation d’aidance, et la formation des managers. Laetitia Geneste a pu témoigner pour AG2R La Mondiale en tant que membre du COMEX : l’entreprise a mis en place des formations pour sensibiliser ses collaborateurs à la gestion du care, et soutenir activement les associations œuvrant en faveur des aidants (accès gratuit à la plateforme Klaro qui permet de connaître toutes les aides, associations qui permettent de prendre soin de la personne aidée pendant le temps de travail de l’aidant). 

Rebecca Fischer-Bensoussan, co-fondatrice de Yolo – You Only Live Once et Anne-Laure Thomas, directrice Diversités, équité et inclusion chez L’Oréal France se sont entretenues pour offir un retour d’expérience sur la mise en place du dispositif Yolo auprès des salariés de L’Oréal. L’objectf ? Alléger leur charge mentale et favoriser la création de leur équilibre personnel / professionnel : un outil qui se révèle très intéressant pour les salariés aidants.

Cette Matinée-débat a été l’occasion pour Club Landoy d’annoncer la publication du Guide « 1 Coalition, 20 solutions : les entreprises face au défi de l’aidance », une ressource inédite structurée autour des besoins des collaborateurs aidants pour mieux les comprendre et les soutenir, et appréhender dans sa complexité l’enjeu social et économique majeur que représente l’aidance. Les solutions, variées, ont été sélectionnées pour leur efficacité et leur caractère déclinable pour des entreprises de toutes tailles.

Télécharger le Guide

Repenser la valeur travail face à l’allongement de la vie

Le dernier temps fort de la Matinée-débat a élargi la réflexion à une question plus globale : comment adapter notre modèle économique et social à la transition démographique ? En dialogue avec Maxime Sbaihi (économiste et directeur stratégique du Club Landoy), Antoine Foucher (économiste, président de Quintet) et Erell Thevenon-Poullennec (docteure en droit, déléguée générale de l’Institut pour l’innovation économique et sociale – 2IES) ont esquissé plusieurs pistes, notamment un financement de la dépendance qui ne reposerait plus uniquement sur les actifs mais également sur le patrimoine et les fonds des retraités. Une mesure sensible, comme le reconnaît Antoine Foucher : « Cette question appelle une véritable concertation nationale. Elle concerne l’ensemble des Français, bien au-delà des seuls salariés. »

Une autre piste : travailler plus longtemps. L’enjeu est de taille et les conditions primordiales : « C’est une option qui n’est envisageable que si le travail est choisi. »  Une situation d’autant plus complexe dans un monde où travailler paie moins qu’avant : comme le montre Antoine Foucher dans son ouvrage Sortir du travail qui ne paie plus, les générations actuelles d’actifs sont les premières depuis 1945 à ne pas pouvoir vivre mieux grâce au fruit de leur activité économique…

Un premier pas vers une activation collective

S’inscrivant dans la lignée des mobilisations régulières du Club Landoy sur le sujet, cette Matinée-débat a fortement mobilisé et a posé avec succès les bases d’une mobilisation collective. Cet événement marque un nouveau tournant en posant les jalons d’une mobilisation d’envergure nourrissant l’objectif d’ancrer l’aidance au cœur des organisations.

Mais il ne s’agit que d’un point de départ : la question des aidants au travail est appelée à prendre une place croissante dans la transformation du monde professionnel. Notre rôle est dorénavant de transformer ces réflexions en actions concrètes, pour libérer la parole autour de l’aidance aider à ce que cet enjeu devienne pleinement intégré aux politiques RH et sociales des entreprises et organisations.

Pour en savoir plus sur la mobilisation et notre campagne nationale #AidantsParlonsEn :

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